L’intention était simple. Il s’agissait d’écrire l’intensité des manifestations au Sommet des Amériques de Québec, en avril 2001. Parler de la ZLÉA. Partager notre croyance en quelque chose d’autre. Ce fut ensuite une balle qui traversa le crâne d’un manifestant au Sommet du G8 à Gênes, en juillet 2001. Puis, septembre arriva. Ce fut alors la peur et la noirceur, la guerre et le froid. Les frontières se sont refermées en même temps que les poings, l’écriture s’est emballée. Nous étions alors des centaines, des milliers même. À s’opposer. À dire non. À s’organiser. Alors ce fut les Black blocks de Seattle, de Québec, de Rostock et d’ailleurs, ce fut le feu des banlieues parisiennes et londoniennes, les anarchistes d’Athènes et les indignés de la Puerta del Sol et d’ailleurs. Puis, ce fut et c’est encore la Tunisie, l’Égypte, la Libye, le Yémen, la Syrie et la Palestine. Une révolte nécessaire. Nous nous sommes retrouvés dans cette époque. Celle d’une mutinerie internationale, celle qui nous réunit à nouveau. Malgré nous, dans la colère et l’espoir. C’est à la vitesse à laquelle les libertés ont été suspendues, que la torture a retrouvé ses droits, c’est en voyant la barbarie frapper aux portes des cités, brûlante comme un météore fendant nos ciels, que nous avons fini par écrire la fiction des jours où nous viendrons peut-être par abdiquer. Tous gestes, toutes paroles, toutes libres pensées doivent être portés et salués. Toujours. En tout temps.
Montréal-Paris, 2012