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Jean Songe

Dans une vie antérieure, je revendiquais le nom de confusionniste ou fumiste, de cette sorte d’« artiste » appelé successivement hydropathe, hirsute, zutiste, jemenfoutiste, et regroupés ensuite sous le titre « Les Incohérents », brefs agitateurs de 1882 à 1889. Alphonse Allais en fut. Le théoricien et historien de ce mouvement, Emile Goudeau, définissait leur attitude comme une « folie intérieure » et l’expression d’« une sorte de dédain de  tout ». Mais un nota-bene du cher homme m’empêchait d’en être : « L’incohérent prend sa retraite, en se mariant, ou en attrapant un rhumatisme. »

Je suis marié & deux filles sont sorties des entrailles de ma femme.

C’est toujours sous la contrainte que je quitte les murs de ma maison, où j’ai plaisir à accueillir mes amis. Pourtant je ne suis pas si paranoïaque que ça (bien que je reste persuadé qu’un tueur en série opère depuis quelques années sur un axe limitrophe de mon coin de soleil) : si Philip K. Dick croyait que la litière de son chat était sur écoute, moi pas, et je ne souffre pas d’agoraphobie, comme cet autre romancier que j’admire, Jean-Patrick Manchette, qui n’était pas sorti de son appartement pendant sept ans, mais je sais que le franchissement de ma porte marque la fin de mon équilibre mental précaire.

Longtemps j’ai été employé. A des titres divers, j’ai enfilé les gros, les moyens puis les petits boulots. Mes joies professionnelles ont été la création, avec mon meilleur ami, de la revue-culte Combo ! (8 numéros) et des éditions Black Mony (enterrées en 1992), où j’ai publié une biographie des Cramps, ma participation à l’éphémère quotidien Le Jour et ma rencontre avec les NTM pour la parution du numéro 1 de la revue Authentik. Pendant trois ans environ, j’ai fait le « journaloustic » ; non titulaire de la carte de presse, j’ai inventé ce métier que j’ai pratiqué de façon épisodique et qui m’a permis de rencontrer presque tous les individus que j’admirais. Le reste du temps, je n’étais pas grand-chose, et, sans l’appui de quelques-uns, dont J.-B. Pouy, je serais resté un zéro à la Jim Thompson.

Après la publication, coup sur coup, de trois romans noirs, légèrement supérieurs à la moyenne, j’ai traversé une crise longue et profonde ayant pour résultat l’adoption d’une identité d’emprunt, l’invention de la “fiction psychotronique” (oui, je fais le malin…) et la création à plein temps.

Pour l’anecdote, je ne fume pas, j’ai perdu des cheveux à une vitesse que je ne m’explique pas, la fascination pop exercée par les tueurs en série me révulse, les tarantineries m’agacent, je hais les acteurs (à l’exception de Robert Mitchum), Céline m’emmerde, mais j’aime les Seins de Ramon Gomez de la Serna, je tiens Robert McLiam Wilson pour le meilleur romancier actuel, et je poursuis d’autres obsessions (jouer live le trashbluesrock’n’roll du Vieux Flingue).

Je ne suis ni masochiste ni sadique, mais extra-lucide, et j’ai un égo en parpaing de cathédral

BIBLIOGRAPHIE/FICTION

ROMANS

La voix des maisons, (Kyklos Editions, 2013).
Tout (ce que je sais) vient du noir, Jean Songe (Ed. Calmann-Levy, 2004).
Erection : piège à cons, Yannink Bourg (Ed. Florent Massot, 1998).
Les potes de la perception, Yannick Bourg (Ed. Baleine, 1997).
La danse du psychopompe, Yannick Bourg (Ed. Florent Massot, 1996).

RECUEIL DE NOUVELLES

Dans le rouge, Jean Songe, Ed. Les Iles qui Flottent, 2010.

SCENARIO B.D.

Sonny Boy Williamson, Jean Songe, dessins de J.C. Chauzy, Ed. Nocturne, 2008.
Le grand rêve américain, Yannick Bourg, dessins de P. Huger, Ed. Souvenirs du Futur, 1988.
En chaleur, Yannick Bourg, dessins de P. Huger, Ed. Régine Deforges, 1986.