« Quand j’étais petit, tonton Albert, un type immense qui aurait pu interpréter n’importe quel méchant de western pourvu qu’il fût affublé d’une moustache, a lancé au beau milieu d’un repas dominical l’une de ces sentences dont il avait le secret : La rumeur vit de la rue. Et lorsque la rumeur vide la rue, la rue meurt. »
Il faut imaginer ma famille, une famille ordinaire qui n’aspirait qu’à parler football entre deux flopées de cacahuètes et qui s’était essentiellement déplacée pour les qualités de cuisinière de ma mère… Je crois me souvenir qu’après ça, Fabien n’a même pas repris d’apéro… Il serait peut-être exagéré de dire que ce jour-là a marqué la fin de mon enfance, mais, dépité à l’idée que la rue, où, sous la férule protéiforme de la « sagesse populaire », s’effectuent les apprentissages les plus cruciaux de l’existence, pouvait s’éteindre, j’ai accepté l’idée qu’il me faudrait m’en imprégner très vite pour ensuite la consigner.
Tout en sillonnant les continents, je jetais mes impressions sur des carnets à petits carreaux, me tatouais le corps lorsqu’il n’y avait papier… leur substituant de petites histoires lorsque les fonds faisaient défaut, poursuivant mon périple sur feuille blanche. » La bataille des forts allait pouvoir commencer…
Viandes et légumes est paru chez Kyklos Editions en 2011
La flore et l’aphone est paru chez Kyklos Editions en 2018