Revue de Presse
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Le blog de Sharon (15 avril 2010)
En abordant la lecture de ce livre, je ne me suis pas posé la question « vais-je aimer ce livre ? » mais plutôt « que va m’apprendre l’auteur sur sa guerre d’Algérie ? » Si je ne devais retenir qu’un chapitre, ce serait « Ali Madani » : il concentre à lui seul les abominations de cette «mission de pacification» et la rage bouillonnante de l’auteur, impuissant face à ce qu’il a vu. Bien que tout au long du livre, René Malet constate l’absurdité des situations auxquelles il est confronté, à commencer par son recrutement, alors qu’il est myope et se trouve donc « exempté de tir au fusil », il laisse la place à des moments particulièrement lumineux. En effet, au-delà des atrocités de la guerre, il rend hommage à tous les amis qu’il s’est fait durant cette période, racontant ce qu’ils lui ont apporté au cours de cette période de sa vie, mettant en valeur les qualités de chacun, ou, pour réunir toutes ses qualités en deux mots, leur solidarité et leur humanité. Il est question d’héroïsme aussi, celui qui fait qu’un commandant est auprès de ses hommes lors d’une opération délicate, ou qu’un caporal ne laisse jamais un de ses hommes derrière lui.
Deux styles se côtoient. Un style soutenu, où le « je » cède la place à un «nous» collectif, les phrases ont le sérieux et la rigueur d’un compte-rendu d’opérations militaires. Bref, un style que le lecteur s’attend à trouver lorsqu’il lit des mémoires. Puis, à côté de ce style sérieux et soigné, prend place un style familier, gouailleur, quand René évoque ses mésaventures, sa vie quotidienne dans les casernes ou en Algérie. J’ai eu l’impression de lire des notes, prises sur le vif. J’ai eu aussi le sentiment d’écouter plus que de lire des mémoires, car les marques d’oralité sont nombreuses. Autre preuve de cette proximité que René Malet crée avec son lecteur : il s’adresse directement à lui dès les premières pages, ce qui renforce l’impact du texte.
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