Revue de Presse
Les polars de MiKa (02/01/2019) : J’avais déjà lu Le crépuscules des hyènes et Moïra du même auteur et j’ai été heureux de retrouver le personnage de Philippe Reuben dans un nouveau roman historique et d’espionnage durant l’après guerre d’Algérie. Où se situe la frontière entre le réel et la fiction dans ce nouveau roman ? Aucune idée et c’est ce qui est intéressant.
Êtes-vous prêts à subir les mêmes effets radioactifs que les personnages ? Un peu d’uranium et de plutonium ne vous font pas peur ? Alors, continuons… êtes-vous prêts à affronter ce qu’ont vécu des centaines (milliers ?) de français disparus en Algérie après le cessez-le-feu ? Et bien, ce roman est fait pour vous.
Personnellement, je connaissais très peu l’affaire Ben Barka (et le mystère entourant sa mort) et grâce à John C. Patrick, j’en ai appris beaucoup et surtout je m’y suis intéressé d’un peu plus près. Cela m’amène à vous dire que ce roman est vraiment bien documenté et apporte de nombreux détails qui devraient satisfaire l’ensemble des potentiels lecteurs.
Le roman a de grandes qualités, celle d’abord d’être transgénérationnel puisqu’il est intéressant pour ceux qui sont nés bien après ces événements mais également pour ceux qui ont traversé cette période. D’ailleurs le livre a déjà trouvé preneur du côté de mes parents…
Et il a la particularité, je trouve, d’être proche du réel. Pas d’émotion façon Hollywood à tenter de vous tirer une petite larme. Pas sensationnel dans les « effets spéciaux » façon Star Wars. Juste réel, et c’est ce qui effraie, c’est ce qui permet à l’auteur de vous intégrer dans l’histoire, de vous projeter plus facilement et de vous rendre compte de ce qui se passe dans l’ombre de notre histoire.
Sharon – Babelio (12/12/2018) : Ce roman passionnant, très bien construit et très bien documenté, nous parle de l’après et de la chape de plomb qui a littéralement recouvert certains faits qui ont eu lieu dans cet « après », comme des essais nucléaires pas vraiment maîtrisés. Secret d’état ? Mensonge d’état plutôt, d’autant plus inquiétant que tout n’est pas révélé à ce jour, et que cette saine habitude de ne pas tout dire n’est peut-être pas passé de mode. Non, je ne verse pas dans la théorie du complot, plutôt dans celle du silence. Silence aussi autour de ceux qui ont disparu. Il n’est pas de prisonniers français en Algérie, il n’est pas de disparus français en Algérie, circulez, il n’y a rien à découvrir. Plus fort que tout, peut-être, l’amitié qui unit certains personnages. L’amitié et l’amour, dans le cas de François Alessandro, qui voit sa femme se démener pour lui. Mais je reviens à l’amitié, à une certaine droiture aussi, qui fait que l’on se souvient de celui qui nous a aidé, et que l’on fait tout, à son tour, pour l’aider. Même si le sujet est difficile, n’allez surtout pas croire qu’il soit rébarbatif. Les informations qu’il nous livre sur cette époque sont parfaitement intégrés dans l’intrigue, sans jamais donner l’impression d’être rébarbatif. de même, certaines scènes auraient pu être délicates, ou narrées avec complaisance : il n’en est rien. Une réalité sanglante peut être racontée sans que l’auteur se sente obligé d’en rajouter à l’horreur.
Styx Station un livre et un auteur qui mériterait d’être davantage mis en avant.
Mediapart – Le coin des polars par W Cassiopée (08/12/2018) : John C. Patrick est un de ces écrivains dont on se demande pourquoi il n’est pas plus connu… Heureusement que quelques éditeurs sont encore à la recherche de pépites littéraires sans chercher à faire du chiffre à tout prix. Cela nous permet de belles et enrichissantes découvertes.
Ce roman est le deuxième d’une série de quatre (ils peuvent se lire indépendamment) qui revisite l’Histoire de 1954 à 1974. Pour ce recueil, ce sont les événements des années 1962 et suivantes qui seront évoqués. On pourrait croire, à lire la quatrième de couverture, qu’on va se trouver avec un cours d’histoire rébarbatif à la manière de ces professeurs qui débitent ce qu’ils ont à transmettre en oubliant de le faire vivre pour le rendre intéressant…. A lire l’auteur, je suis certaine d’une chose, ses élèves ont dû être captivés par ses interventions.
Le récit est complet, mais pas complexe, car les nombreux personnages, lieux, intervalles de temps sont parfaitement « balisés ». On sait toujours de qui on parle, ce qui se passe et pourquoi. Les personnages, réels ou imaginaires sont, pour la plupart, des hommes. Espions, militaires, policiers, membres du gouvernement, etc, tous sont parfaitement intégrés au récit, vivants, palpables. Ce n’est pas pour autant un livre de « mecs », le contenu présenté parlera autant aux hommes qu’aux femmes…. On passe de la France (sur plusieurs régions) à l’Algérie, sur une période allant de 1962 à 1967. On côtoie des hommes de l’ombre, d’autres plus en vue. Chacun se bat, soit pour ses convictions, ce en quoi il croit ou pour des causes plus obscures.
L’écriture est dépouillée, presque « documentaire », l’essentiel pour visualiser une scène, les faits puis les acteurs. J’aime beaucoup la façon dont l’auteur décrypte ce qui se déroule sous nos yeux, c’est presque « chirurgical », à la fois sobre et d’une précision infinie. Il est documenté et lorsqu’il parle d’actions dont on n’a jamais entendu parler, on a le souhait de « creuser » encore plus les informations qu’il communique (notamment sur l’accident de Béryl (du nom de code de l’essai), un accident nucléaire qui s’est produit le 1er mai 1962 en Algérie). Si déjà, à l’époque, certaines choses étaient tenues secrètes ou minimisées, qu’en est-il maintenant ? Est-ce qu’on nous leurre encore quelques fois ?
Je trouve courageux de s’attaquer à une telle transmission à travers un roman. Je trouve merveilleux d’être capable d’employer des termes de qualité, d’écrire un texte abouti au vocabulaire riche mais abordable, d’être captivant, en mêlant histoire, espionnage, suspense sans lasser ni perdre le lecteur. Je trouve que John C. Patrick a tout d’un grand et que ça ne se sait pas assez (mais peut-être qu’il ne recherche pas la « gloire »).
Je trouve que Kyklos, la voix dissonante de l’édition, a une fois encore tout compris, offrant à ceux qu’elle publie une liberté d’expression bienvenue et à ceux qui lisent leurs publications une ouverture sur le monde, sur la vie, sur l’Histoire, sur l’homme…
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